De la poutre à la cage, itinéraire d'une guerrière

Du sport-études gymnastique aux cages de MMA, en passant par un club en Guyane, un incendie et un aller simple pour tout recommencer… Voici le parcours d’une femme qui s’est relevée, transformée, et affirmée grâce au sport. Un récit brut, inspirant, et profondément humain.

8/5/20232 min read

De la poutre à la cage : itinéraire d'une guerrière

Je suis née à Nice en 1988, et à six ans, j’ai mis les pieds dans une salle de gym à Grasse. Autant dire que j’y ai posé mes valises pour un bon moment. Très vite repérée, j’intègre le sport-études, et c’est parti pour vingt-cinq heures d’entraînement par semaine. Pas de ski, pas de roller, pas de piscine avec l’école (imagine un muscle ramolli ! l’angoisse des coachs). Une enfance pas comme les autres, où la rigueur était reine. Mais ça forge : maturité, autonomie, mental d’acier… et déjà, une graine de combative qui germe.

À 17 ans, j’arrête la gym. Pas de médaille olympique, mais une place dans le top 12 national avec mon équipe. Et pourtant, une sensation de vide, de rêve inachevé. Ce manque, je l’ai traîné longtemps.

Direction la Guyane. Là-bas, je deviens entraîneuse de gym un peu par hasard, beaucoup par passion. J’apprends sur le tas, j’ouvre mon propre club, je me réalise… mais pas encore entièrement.

Puis vient la claque : je découvre la boxe thaï. Là, c’est le déclic. Le vrai. Le genre de révélation qui te retourne le cœur. Premier combat au Brésil : je découvre une version de moi-même que je ne connaissais pas. Une guerrière. Une fierté immense. Et surtout, une sensation que j’avais cherchée toute ma vie.

Pendant cinq ans, je parcours le monde : Thaïlande, Martinique, Guyane, Paris… Amateur, semi-pro, peu importe. Je vis. Je combats. Je me reconstruis.

En 2012, pause bébé. Nouvelle casquette : maman. Mais le sport ne m’a jamais quittée. Huit mois après l’accouchement, me voilà à allaiter entre deux passages au saut de cheval en compétition. Sur le moment, ça me semblait normal. Avec le recul ? Complètement dingue, mais magique.

Le retour aux sports de combat se fait en douceur, via le jiu-jitsu brésilien. Un art martial tout en contrôle, en stratégie, en finesse. Moi qui venais de la boxe, j’ai dû sortir de ma zone de confort. Et j’ai adoré. Tellement que l’idée du MMA a germé. Tout combiner. Créer un tout. Le sport de combat le plus complet au monde. Mais pour ça, il fallait partir de Guyane. Faire un choix.

Et là, la vie a tranché pour moi.

Été 2016. Coup de téléphone en pleine nuit : mon appart a brûlé. Tout est parti en fumée. L’assurance ? Résiliée dix jours plus tôt. Coup dur. Très dur. Mais parfois, les pires drames sont les plus beaux tournants.

Dix jours plus tard, je démissionne, je vends ma voiture, je fais deux valises. Mon fils et moi, billets simples pour la France.

Le retour est rude. Nouveau départ à zéro. Mais j’ai un objectif. Huit mois après, je pars à Paris, je commence le MMA. La vraie vie de combattante démarre.

Aujourd’hui, je suis pro, je m’entraîne à Londres avec une team solide, je voyage entre les pays, entre les combats, entre les galères. Je viens de signer dans des organisations majeures aux États-Unis et au Japon. Le cap est franchi. Le MMA, c’est ma vie. Mon boulot. Mon kiff. Mon terrain de croissance.

Et je me lève chaque matin avec le feu au ventre. Parce que malgré tous les obstacles, quand t’es à ta place, tout devient possible.